Skater

Magnifique album aujourd’hui : mélange d’électronique et de sons samplés d’instruments, Three (2024) vous mènera dans des réflexions plus captivantes les unes que les autres. Entièrement instrumental, si ce n’est pour quelques textures chantées sans paroles, le nouvel album de Four Tet offre une complexité superbe : le travail de production et d’écriture est structuré avec une minutie perceptible, de sorte que l’auditeur peut se plonger dans les moindres détails de chaque titre pour y trouver une apaisante introspection.

Folktronica, voilà la dénomination du genre musical spécifique dont Four Tet est l’un des fondateurs à la fin des années 90. Mélange comme son nom l’indique de folk (pour les instruments acoustiques traditionnels du genre) et d’électronique, le style offre une gamme allant du club au downtempo, et c’est préférentiellement sur ce second registre que s’illustre Four Tet avec Three. Planants, éventuellement mélancoliques ou nostalgiques, toujours avec une grande douceur, les instrumentaux de Three multiplient les nuances pour tisser une histoire qui se vit essentiellement seul ou en petit comité. Voilà indéniablement de la musique sur laquelle travailler, regarder un paysage défiler par la fenêtre d’un train ou fermer les yeux quelques instants dans le confort de son chez-soi. Car Three est complexe, mais dans sa conception, plus que dans sa découverte en tant qu’auditeur : des pistes comme « Skater » offrent une flexibilité d’écoute sans pareille, vous laissant vous plonger dans l’une ou l’autre des strates qui composent le titre, contrebalançant tout à la fois pénombre et lumière dans un mélange de grande beauté qui laisse toute sa place aux émotions que vous souhaitez.

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Les sons électroniques hybrides de DARKSIDE, Fred again.., Boards of Canada, ou certaines ambiances de Silent Hill par Akira Yamaoka.

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Gentleman

Si je vous dis lounge et trip hop, il est bien possible que la période qui vous vienne à l’esprit spontanément soit la jonction entre les années 1990 et 2000, époque bénie pour ces genres électroniques relaxés et sophistiqués qui fleurirent particulièrement en France en parallèle de la house. L’interprétation de ces genres que l’on décortique aujourd’hui est beaucoup plus moderne, mais le retour dans le temps est on ne peut plus plaisant…

Avec la sortie de Osam (2022), le duo viennois Tosca, composé de Richard Dorfmeister et Rupert Huber, nous offre un neuvième album bardé de textures sonores et d’atmosphères enveloppantes. Osam se caractérise par des réminiscences de la lounge électronique d’il y a 25 ans, mais également par sa diversité de genres, mêlant des influences électroniques, dub, et des sons plus organiques dans des pistes particulièrement généreuses, qui dépassent volontiers la marque des 7 à 8 minutes pour un total d’une heure et quart – un format qui semble, lui aussi, revenu tout droit de la fin des 90s ! Au fur et à mesure moins docile qu’il n’y paraît (l’album n’hésite pas à aborder des textures plus sombres, voire à faire du pur ambient), Osam propose aussi certaines pistes on ne peut plus élégantes, idéales pour confectionner une sublime ambiance dans votre intérieur. Et même dans ces moments plus faciles à l’écoute, Tosca n’hésite pas à s’aventurer hors des sentiers battus, en faisant par exemple intervenir de la slide guitar digne d’un bayou louisianais au milieu d’un titre aérien qui évoque plutôt le hall des départ d’un aéroport imaginaire. La preuve en musique avec quelque chose de simple pour commencer, comme par exemple l’élégant « Gentleman« …

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… La deep house de St Germain, la house jazzy de Llorca ou l’électro sophistiquée de Bugge Wesseltoft.

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Diaspora

Traditions musicales égyptiennes, européennes et expérimentations électroniques se mêlent dans la musique de cette passionnante artiste multiculturelle. Et son parcours est au moins aussi varié que ses influences : la revoir sur scène très récemment dans son rôle actuel de leader d’un groupe de jazz était aussi pour moi l’occasion de me replonger dans sa discographie plus ancienne et pleine de mystère…

Car avant de s’épanouir dans cette période jazz de grande qualité au sein de laquelle on retrouve des noms illustres comme celui d’Ibrahim Maalouf, Natacha Atlas était une artiste résolument associée à la musique électronique. Dès ses débuts au sein du groupe électronique expérimental Transglobal Underground, Natacha Atlas appose sa marque, une signature qui ne quittera jamais ses productions : cette voix sensationnelle, le plus souvent en arabe, plus rarement en anglais ou en français, qui habille des sonorités électroniques qui convoquent la world music, la dance ou l’ambient au cours d’albums solo révérés par la critique… Mais étonnamment assez méconnus. Pourtant, que de pépites dans sa carrière ! De titres planants qui évoquent une ambient synthé ethnique à la Blade Runner, jusqu’à des rythmes rapides qui abordent l’électro industrielle, l’Egyptienne d’origine a un véritable talent pour tisser des ambiances spectaculaires qu’elle maîtrise à la perfection. Dès son premier album solo, Diaspora (1995), Atlas annonçait certaines directions que suivrait sa carrière : avec une homogénéité qui le rend facile à découvrir, Diaspora représente l’attrait tant pour la musique électronique que pour les musiques du monde, avec une attention de tous les instants aux atmosphères développées, comme sur le morceau titre. Avec sa bassline purement dub et ses sons de flute planants, « Diaspora » habille le chant oriental envoûtant d’Atlas pour un titre à la croisée des genres, au groove exotique et mystérieux. Un excellent album qui ne fait qu’effleurer les surprises que réserve la discographie de la diva cosmopolite.

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Vangelis qui prolonge son travail de Blade Runner ; dans un autre registre, la dub jamaïcaine et atmosphérique de Grace Jones ; et tout simplement la récente période jazz de Natacha Atlas.

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Paper Trails

Dans le paysage musical électronique contemporain, on trouve certains artistes qui parviennent à dissoudre les frontières entre les genres traditionnels. Leur capacité à fusionner des rythmes électroniques avec des éléments acoustiques crée des expériences auditives parfois hors du commun, nées d’une alchimie entre l’innovation technologique et l’expression artistique plus « organique », offrant un espace où se mêlent introspection et exploration. C’est le cas du captivant album dont est issu l’extrait d’aujourd’hui…

DARKSIDE, écrit tout en majuscules, est un duo composé de Nicolas Jaar et Dave Harrington inauguré dans la première moitié des années 2010 avec leur excellent premier album Psychic (2013). Nicolas Jaar, un des musiciens électroniques les plus doués et influents de sa génération, connu pour ses compositions expérimentales et son utilisation innovante des samples, s’allie pour DARKSIDE à Dave Harrington, multi-instrumentiste éclectique, qui injecte une influence rock et blues contrebalançant l’électronique de Jaar avec une chaleur organique. « Paper Trails » est une illustration parfaite de cette combinaison artistique entre Jaar et Harrington : rythmes électroniques et riffs de guitare blues lumineux établissent une atmosphère nocturne, enfumée, sublimée par le chant profond de Jaar. Visions hypnotiques d’un bar blues hors du temps, peu fréquenté, indéniablement cinématographique, subtilement dansant, « Paper Trails » aligne avec élégance les images évocatrices. Une vraie friandise auditive et une voie d’accès idéale pour les surprises que vous réserve DARKSIDE…

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Nicolas Jaar en solo, Moby ou Four Tet.

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Edge Of The Horizon

Le temps. Il n’a ni début, ni fin, et tout n’y est qu’éphémère. « Est-ce que cela a une importance ? Est-ce que cela m’importe ? » s’interrogeait David Bowie lorsqu’il évoquait ce « mystère profond et extraordinaire » du temps dans un captivant poème sans titre publié dans le film Moonage Daydream (2022). Il y a une réalité physique au temps qui passe, et une artificialité qui nous permet de mieux l’interpréter – les dates, les années. 2023 s’achevant, ce cycle synchronisé entre matérialité et immatérialité du temps prend fin et s’apprête à recommencer, nous laissant peut-être entrevoir plus qu’à d’autres moments de l’année un horizon temporel, celui marqué par la remise à zéro du calendrier. Le titre d’aujourd’hui nous emmène jusqu’à cet horizon, en célèbrant les moments qui façonnent notre vie…

Parue sur l’album Edge Of The Horizon (2020), du duo britannique Groove Armada, « Edge Of The Horizon« , sublime morceau titre, est une chanson électro-pop qui symbolise avec élégance et intensité la limite de notre perception et de nos possibilités, en invitant à imaginer au-delà de cette frontière immatérielle. Album de comeback pour la formation électro de Tom Findlay et Andy Cato, dix ans après leur précédent album studio original, Edge Of The Horizon est un hommage aux influences musicales du groupe, allant du disco au funk, en passant par la house et le rock. Cette exploration des genres va au-delà de la réinterprétation nostalgique : en fusionnant leur identité musicale avec des influences rétro, le duo crée une symbiose entre passé et présent, démontrant que la musique, comme le temps, n’est pas statique, mais est davantage un flux constant d’innovation et d’inspiration. Chantée par la voix modifiée envoûtante de She Keeps Bees, « Edge Of The Horizon » est sans doute le pinacle de l’album : en nous enveloppant dans des nappes aériennes et rêveuses qui laissent entrevoir à la fois le sublime et le vertige de ce « bout de l’horizon », le titre sonne comme un point de non retour, contrebalançant la solennité de son thème par un rythme progressivement dansant, de ceux que l’on imagine parfaitement sous les lumières d’une boule à facettes. « Ce qui est ressorti de nos sessions d’enregistrement est notre version du genre de morceaux qui ont rythmé 20 ans de voyages, de couchers de soleil et d’aftershows. Lorsque l’album a été terminé et que nous l’avons écouté d’un bout à l’autre, un kaléidoscope d’images nous est venu à l’esprit – un regard en arrière, depuis le bord de l’horizon« , déclarera Andy à la sortie de cet album à la conception décrite comme intense. Un album parfaitement représenté par un morceau titre qui fait de « l’une des expressions les plus complexes« , comme disait David Bowie, une bande-son mémorable au temps qui passe.

Bonne écoute, et bonne année ! Absent la semaine prochaine, on se retrouve un peu plus tard courant janvier pour la suite…

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… L’électro vintage du label Italians Do It Better auprès des Chromatics, de In Mirrors ou de Desire.

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The Spider Starves

Les mélodies qui font le mieux résonner cette période d’octobre et d’approche d’Halloween, que l’on savoure pleinement sur TGIF, ont souvent une nuance mélancolique, une certaine profondeur qui éveille des émotions ambivalentes. Semblant sortir tout droit d’un vieux gramophone dans un manoir étrange, le titre d’aujourd’hui invite à explorer par la pensée les lieux sombres que suggère la pochette de son album. Crépitements, voix fantomatique et rythmes électroniques se mêlent dans l’univers singulier de Public Memory…

Public Memory est le projet solo né en 2016 du musicien Robert Toher, spécialiste de musiques électroniques sombres et ancien membre d’un duo déjà dans cet esprit. Avec le tout récemment paru Elegiac Beat (2023), l’artiste indépendant Américain poursuit son voyage à travers les ombres mystérieuses de l’automne. Conception sonore lo-fi et granuleuse, Elegiac Beat représente le style caractéristique de l’artiste qui s’appuie sur des samples étranges ponctués par des notes organiques et un chant spectral hypnotique pour créer un captivant mélange de trip-hop et de krautrock. Atmosphérique à souhait, envoûtant mais jamais inconfortable, Elegiac Beat fait partie de ces albums à l’ambiance maîtrisée de bout en bout, jusqu’à sa couverture vintage, intrigante à souhait, où une demeure qui fait penser aux classiques de maisons hantées, The Changeling (1980) ou The Haunting (1963) en tête, surplombe la forêt dans la clarté d’une lune rousse. De quoi régaler les amateurs du genre ! On se laisse sur « The Spider Starves« , exemple très représentatif de l’album, qui mêle les craquements d’un vieux disque à des nappes synthétiques vrombissantes entrecoupées de quelques notes de slide guitar…

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Les inspirations trip-hop inquiétantes de Akira Yamaoka pour la bande originale de Silent Hill, Buckethead ou dans un style plus rock les excellents Last Ex.

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Eyes Without A Face

Une dernière sensation d’été avant l’automne, c’est l’impression qu’a donné ce mois de septembre chaud et ensoleillé. Alors avant d’entrer dans la saison la plus mystérieuse de l’année, avec ses feuilles mortes tourbillonnantes et ses crépuscules qui s’éternisent, voilà une dernière friandise estivale, qui donnera plutôt des idées de piscine et de tranquillité sous le soleil…

Et quoi de mieux pour ça qu’un groupe dont le nom évoque littéralement le bord de la piscine ? Poolside, groupe californien constitué essentiellement d’un seul artiste, Jeffrey Paradise, est justement expert dans le domaine de la chillwave. Genre de musique électronique né au début des années 2010, la chillwave est caractérisée par des mélodies douces, des rythmes lents et des sonorités synthétiques apaisantes qui s’inspirent des années 1980, en utilisant des synthés vintage et des samples pour créer une atmosphère rétro. Sur le point de sortir un cinquième album, et également auteur de nombreux EP, Poolside excelle aussi particulièrement sur les remixes… Et notamment sur celui qui nous intéresse aujourd’hui. Classique de Billy Idol paru initialement sur le superbe Rebel Yell (1983), « Eyes Without A Face » est une ballade soft rock étrange et mélancolique à laquelle Poolside donnait en 2021 un coup de frais particulièrement savoureux, conservant toute l’émotion du titre initial et y ajoutant sa signature chillwave pour lui conférer une dose supplémentaire de nostalgie. Parue hors album, « Eyes Without A Face (Poolside Remix) » est une reprise élégante et sentimentale qui satisfera tout autant les amateurs d’électro paisible et estivale que les connaisseurs de l’œuvre originale. Parfait pour conclure l’été en se remémorant ses bons moments…

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Poolside « au naturel », le magnifique titre original de Billy Idol, ou la synthwave de Gunship.

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Feel Like Makin’ Love

Après l’acid jazz tendance nu soul, puis le jazz fusion chez un label légendaire, quelle pouvait être la suite de la carrière du talentueux Tom Misch ? Surprise, sa nouvelle itération pour le moins inattendue lui donne le profil du parfait touche-à-tout…

On n’entend plus suffisamment de house music, genre musical électronique d’inspiration disco ou funk et dont l’apogée commerciale fut aussi brève que satisfaisante, à cheval entre les 90s et les années 2000. Pourtant, c’est si bon ! Comment ne pas se réjouir d’écouter une musique festive dont le nom se traduit littéralement par « foyer » ? C’est certainement ce que s’est dit Tom Misch, tout juste remis de l’excellent What Kinda Music (2020), parution Blue Note Records et succès critique mérité. Simple volonté de tâter le terrain, fantaisie de l’auteur ou crainte de faire un grand écart incompréhensible, le Britannique choisit en tout cas de dissimuler sa véritable identité sous le pseudonyme SuperShy et dévoile discrètement quelques titres quittant totalement le jazz, purs revivals des grandes heures de la house music, à partir du printemps 2022. Mais ce qui était peut-être un simple pas de côté pour son auteur vient de joliment se concrétiser avec la sortie la semaine dernière du nouvel album de Tom Misch, ou plutôt du premier album de SuperShy : Happy Music (2023). Pépite house quasiment parfaite (on regrettera à peine quelques passages en fin d’album qui, loin d’être déplaisants, sonnent plus Tom Misch que SuperShy et cassent un peu trop l’homogénéité de l’ensemble pour être totalement convaincants dans ce contexte), Happy Music fait de la véritable house qui rappelle la « French touch » de la fin des 90s, avec boucles et samples sur des rythmes terriblement entraînants. Démontrant le caractère indémodable de ce genre dont la popularité est passée tel un éclair dans l’histoire de la musique contemporaine, l’artiste chante lui-même plusieurs titres, laissant aussi la place à quelques voix empruntées ailleurs, comme celle de Roberta Flack dont il transforme le classique « Feel Like Makin’ Love » pour en faire une des pistes délicieuses de cet album ensoleillé. Parfait pour la fin de cet été, et définitivement à garder de côté pour les prochains.

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… La house « French touch » de St Germain ou Llorca, ou la house de Detroit sur cette fabuleuse reprise de Sade (en bonus à la fin de cet article).

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Beat Cop

Lorsque les frontières entre les genres musicaux se brouillent, il faut se passer de coller des étiquettes. Expérience auditive peu commune, où les rythmes et les sonorités s’entrelacent pour former une symphonie hypnotique, le titre d’aujourd’hui combine dub Jamaïcaine, psychédélisme et ambiance mystérieuse pour un résultat captivant que les critiques ont décrit comme neo-dub, rock psychédélique, ou krautrock rétro-futuriste. On fait le point avant de se lancer dans cette aventure…

Sun Araw est le nom de scène de l’artiste musical Cameron Stallones, Texan devenu Californien passionné de musique étrange et d’instruments en tous genres. Passé successivement par des groupes reggae et de pop psychédélique, Sun Araw est aussi l’auteur d’une carrière solo aux sonorités hors normes dont est issu l’album duquel l’extrait du jour nous parvient, On Patrol (2010). Inspiré par des souvenirs du passé, et s’attachant davantage à retranscrire le ressenti de ces souvenirs plutôt que le passé lui-même, Sun Araw bricole, improvise et utilise des outils hors d’âge pour créer sur On Patrol une musique se vivant davantage qu’elle ne s’écoute, dissolvant le temps dans des strates musicales enfumées qui semblent tout droit sortir des bas-fonds du Los Angeles cyberpunk de Blade Runner (1982). Complètement envoûtant, furieusement mystérieux, souvent à la limite de l’ambient mais un peu trop entêtant pour être tout à fait discret, On Patrol n’est pas du neuf avec de l’ancien, mais plutôt du neuf avec une certaine interprétation de l’ancien, ses textures ethniques ne faisant qu’ajouter à la cinématographie de cet univers. Il faut essayer de se laisser porter plutôt que chercher à intellectualiser des titres tels que « Beat Cop » afin d’apprécier son kaléidoscope de sonorités, ses volutes afrobeat et ses synthés saturés. Voilà qui rend plaisant le fait d’être cobaye de cette expérimentation musicale.

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Le cyberpunk selon El Huervo, Vangelis ou Billy Idol.

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Sis No Hyp

Un vent de fraîcheur dans cet été en pointillés sur TGIF avec un jazz hors des sentiers battus et tiré d’un album au titre annonciateur : Off-Piste (2023). Cosmique, méditatif, hypnotique, Off-Piste vous emmènera loin, très loin – mais pas besoin de casque, si ce n’est audio.

Pianiste de jazz et producteur Britannique touche-à-tout, Greg Foat est aussi un grand collectionneur de disques. Musiciens de tous horizons ont leur place dans la bibliothèque fournie de Greg, qui voue en particulier un culte aux grands jazzmen Britanniques. Alors quand l’occasion se présente autour de 2020 d’enregistrer avec le saxophoniste Art Themen, aujourd’hui 83 ans, figure légendaire de la scène nationale, le pianiste n’y réfléchit pas à deux fois et se lance dans une collaboration dont Off-Piste, dernière pépite du tandem parue ce printemps, sonne comme un classique instantané. De toute évidence inspiré par la neige à la montagne et le ski alpin, Off-Piste renvoie davantage à une atmosphère qu’à la température glaciale associée à ces images. Pistes douces comme la poudreuse, textures électroniques scintillantes comme la neige au soleil, harpe aérienne, tout est fait pour évoquer des sommets silencieux et immaculés, le caractère « hors piste » de l’album ne faisant qu’ajouter au charme de l’ensemble en gommant tous les autres touristes de ce lumineux paysage sonore. Vous voici, en solo ou en duo comme suggéré par la pochette, à arpenter les lignes de crête du plus beau jazz que vous découvrirez cette semaine… On se laisse sur « Sis No Hyp« , une des six balades rêveuses que propose l’album – sans aucun doute de quoi vous convaincre de prendre les remontées mécaniques pour aller découvrir les cinq autres.

Bonne écoute, bon weekend et à très bientôt !

💡Si vous aimez ceci, vous aimerez sans doute… Le jazz moderne à la trompette d’Erik Truffaz, l’électro au saxo de Johnny Jewel, ou dans un registre on ne peut plus mystérieux, le saxophone délicieusement envoûtant de Bohren und der Club of Gore.

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