Scratchcard Lanyard

Si Laurie Anderson et Joy Division avaient un enfant caché, ce serait sans doute Dry Cleaning ! Le renouveau dans le post-punk nous vient (forcément) d’Angleterre, et c’est un plaisir de découvrir un debut album d’aussi remarquable qualité dans ce genre minimaliste mais à la grande précision.

Le minimalisme est une caractéristique clé du post-punk, qui se résume généralement à chant, guitare, basse et batterie avec un peu de synthé, le tout en comité restreint. C’est toutefois cette sécheresse recherchée du son qui augmente l’exigence de l’auditeur – créer une atmosphère avec un casting réduit au minimum requérant l’excellence de chacun des participants. C’est bien heureusement à ce niveau de maîtrise que se positionne New Long Leg (2021), premier album délicieux du quatuor Dry Cleaning ! Mais le post-punk qui déversait son spleen dans les 80s a-t-il toujours du sens dans les 2020s ? C’est par un « oui » très résolu que les quatre Anglais nous répondent. Elaborant avec mystère et une pointe malice sur les doubles sens et les absurdités de la vie quotidienne, Dry Cleaning signe ni plus ni moins qu’un excellent album pleinement ancré dans la modernité, porté par la production d’un vétéran du rock (John Parish, compère historique d’une autre compatriote indomptable, PJ Harvey), mais surtout par sa voix, Florence Shaw. Poétesse à la plume aiguisée, Shaw fait de New Long Leg un album incontournable de ce premier semestre 2021 principalement par son étonnant spoken word qui opère un accord parfait avec l’instrumental post-punk (lui aussi irréprochable) qui l’accompagne. Evoquant irrépressiblement l’improbable rencontre mentionnée plus haut entre Joy Division et Laurie Anderson, New Long Leg hypnotise dès les premières notes de son ouverture « Scratchcard Lanyard« , que je vous recommande aujourd’hui, et se savoure jusqu’à ses ultimes secondes. Une formation indépendante assurément à suivre de près…

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

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Walking In The Rain

C’était plutôt ironique de la part de George Young et Harry Vanda de baptiser leur duo Flash and the Pan, et de donner à leur premier album le même nom. L’expression vient de « flash in the pan« , soit « un feu de paille », quelque chose d’étincelant mais d’éphémère. C’est alors un peu la vision de la pop qu’ont ces deux australiens d’adoption : la pop n’est importante que lorsqu’elle survient, c’est un « flash in the pan » – une semaine après, tout le monde est passé à autre chose. Du moins, le pensent-ils alors… Parce-que le son si original de certaines compos de Flash And The Pan (1978) reste franchement étincelant quatre décennies plus tard !

George Young et Harry Vanda ont en fait déjà largement fait leurs armes dans l’industrie musicale lorsqu’ils forment Flash and the Pan. Déjà membres d’un précédent groupe commun, les Easybeats, ils ont notamment produit les 6 premiers albums des AC/DC, compatriotes australiens mais surtout fondés par Angus et Malcolm Young, les deux jeunes frères de George ! C’est à la toute fin des années 70, forts de ces expériences, que Young et Vanda se lancent dans la conception de Flash And The Pan. Au programme pas de hard rock, mais un mélange de pop dépareillée et de world music qui évoquera aux critiques de l’époque le « son du futur ». Si inévitablement quelques sections sonnent moins modernes aujourd’hui (on reste sur de la musique pop, et en ce sens, Young et Vanda n’avaient pas entièrement tort), on retiendra surtout quelques somptueux traits de génie. « Walking In The Rain » est sans hésiter l’un d’entre eux : production exceptionnellement à l’avant-garde, atmosphère et narration vocale d’un autre monde, le titre est un superbe et mystérieux ovni… Un feu de paille de trois minutes trente à rallumer à volonté.

Bonne écoute, bonne fin de semaine et à la prochaine !

The Sky Is Broken

Play (1999) de Moby a été l’un des grands succès de la fin des 90’s. Couronné d’un succès commercial et critique exceptionnel, l’album qui était au départ pensé comme le dernier de Moby et qui avait été refusé par plusieurs maisons de disques avant de sortir avec l’objectif d’en vendre 250 000 a réalisé un improbable tour de force, se vendant à plus de 12 millions d’exemplaires, dont plus d’un million en France.

C’est presque la moitié de l’album qui est finalement parue en singles dans les mois qui ont suivi (8 morceaux sur les 18 du disque !), et avec la totalité de ses pistes vendues pour exploitation commerciale (films, publicités,…), Play est devenu un album tout simplement impossible à contourner jusqu’au début des années 2000. Quasiment à la toute fin du disque cependant, en avant-dernière position, réside un très bon morceau qui n’est pas sorti en single… Tout en spoken word, « The Sky Is Broken » est une parfaite synthèse des sentiments qui traversent Play. Épurée et mélancolique, portée par la voix sereine de Moby, cette piste chargée d’une émotion intense qui précède la quasi-instrumentale (et magnifique) conclusion de l’album « My Weakness » se redécouvre avec plaisir aujourd’hui. Un superbe titre qui vous transportera sans doute et vous donnera peut-être même envie de ressortir votre disque de Play qui traîne dans un coin…

Le weekend approche à grands pas, alors bonne fin de semaine à tous et à la semaine prochaine !