Lustful Sacraments

Une aura de mystère et des ombres démesurées dansant à la lumière des flammes sur une place à l’architecture gothique, au cœur de la nuit : la pochette du dernier album solo de Perturbator, Lustful Sacraments (2021), est une coupure nette avec les opus qui le précédaient. Finis le kitsch bariolé inspiré de l’ère des VHS et les skylines futuristes de villes cyberpunk… Avec Lustful Sacraments, les ténèbres ont nettement gagné du terrain.

Autre fer de lance de la darksynth française avec Carpenter Brut, Perturbator est connu pour les mêmes qualités que son compatriote. Synthés déchaînés, nombre de battements par minute qui crève le plafond, la musique de Perturbator secoue l’auditeur et constitue une des égéries de la scène metal synthétique et industrielle. Pourtant, malgré quelques beaux morceaux calmes qui parsèment sa discographie, Perturbator n’avait jusqu’à présent jamais tenté l’expérience d’en faire l’essentiel de l’humeur d’un album. C’est chose faite avec Lustful Sacraments et sa diabolique pochette, qui comparativement à ses aînés perd en brutalité ce qu’il gagne en atmosphère, pour un résultat particulièrement séduisant. Synthés et guitares se réverbèrent dans neuf pistes belles, sombres et généreuses, ponctuellement mises en relief par un chant plus ou moins mis en avant qui évoque des croyances inquiétantes et des cultes diaboliques. Suivant immédiatement la brève piste d’introduction, le morceau titre « Lustful Sacraments » distille avec maîtrise l’atmosphère gothique et les thèmes qui hanteront le reste de l’album. Superbe titre darkwave, il est la porte d’entrée idéale dans ce ténébreux album…

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

❤️ TGIF partage de la musique avec amour depuis 2016 ! Cet article vous plaît ? Envoyez-le à un ami !

[Halloween 🎃 Special] Sunglasses At Night (Jean Jacket Mix)

It’s the most frightening time of the year! Halloween approche, et tout le monde a le droit à une bonne frayeur… Que ce soit pour décorer votre chez vous en taillant des citrouilles ou pour vous préparer une soirée de films d’épouvante, vous le savez, TGIF vous propose chaque année de quoi alimenter votre 31 octobre. Cette année, c’est une musique bien connue sur laquelle on s’arrête – mais dans une version très particulière…

Nope (2022) est, au cinéma, ma plus récente claque. Aussi dérangeant que stressant, le dernier film d’horreur de Jordan Peele propose de la science-fiction dans le cadre d’un décor de western et enchaîne les idées fascinantes et les images impressionnantes pour un spectacle qui, sur grand écran, avait vraiment de quoi scotcher à son fauteuil. Et si la bande originale de Michael Abels y est pour beaucoup, c’est certainement pour un titre en particulier – un remix, plus précisément. C’est lors d’une des séquences les plus mémorables du film que se lancent les premières mesures de « Sunglasses At Night« , de Corey Hart – un titre célèbre des années 80, premier et plus emblématique hit de son auteur. « Sunglasses At Night » est, dans sa version originale, l’archétype presque caricatural de la synthpop de ces années-là : mélodie synthétique immédiatement engageante, paroles sombres et mystérieuses, le titre de Corey Hart a un côté délicieusement kitsch qui fait son succès et justifie amplement son statut culte. Facilement réutilisable dans un contexte d’épouvante d’humeur légère (on retrouve notamment le morceau sur les séries Stranger Things ou Scream Queens), « Sunglasses At Night » avait toute sa place dans la filmographie de Jordan Peele. Seulement dans l’histoire de Nope, lorsque cette fameuse séquence débute avec les premières notes du morceau, un évènement suffisamment exceptionnel se produit pour en ralentir sa lecture… Considérablement. Plus que « simplement » ralenti, le titre est en fait manipulé avec brio par Michael Abels, qui altère drastiquement la voix de Corey Hart mais préserve la musicalité des instruments pour un résultat plus menaçant que jamais. Mettant en valeur les dissonances vocales, la sombre guitare et la bassline massive du titre, Abels propose avec le « Jean Jacket Mix » de « Sunglasses At Night » un morceau incontournable de ce Halloween 2022…

Joyeux Halloween ! 🎃

❤️ TGIF partage de la musique avec amour depuis 2016 ! Cet article vous plaît ? Envoyez-le à un ami !

Lipstick Masquerade

Pour le deuxième volet de sa nouvelle trilogie d’albums en construction, Carpenter Brut frappe fort et le clame sur son site : Leather Terror (2022) est à son prédécesseur Leather Teeth (2018) ce que Terminator 2 et Aliens, Le Retour étaient à Terminator et Alien – plus grand, plus puissant, plus cool. Au programme, la suite de l’histoire du personnage fictif Bret Halford, savant fou devenu rockstar vengeresse, au cœur de 80s fantasmées faites de sexe et de meurtres sur fond de synthés débridés…

Avec Leather Terror, Carpenter Brut réunit le meilleur de ses deux mondes, alternant la hargne de sa première trilogie (EP I, II et III, respectivement publiés en 2011, 2013 et 2013 puis rassemblés dans le triple album Trilogy en 2015) et le virage plus pop de Leather Teeth. Melting pot improbable de tout ce que les 80s ont fait de meilleur en pop culture, du cinéma d’épouvante grand-guignolesque au biker metal, l’album passe avec délice de grands huit darksynth – mêlant électro synthétique et metal – à de la pure pop au kitsch assumé… A la Carpenter Brut. Ne se prenant jamais au sérieux, montrant que l’on peut aussi bien aimer secouer la tête d’avant en arrière en faisant les cornes du diable avec ses mains que se déhancher sur des sons qui semblent tout droit sortis d’un film de danse des années 80, le musicien Français propose avec Leather Terror son album le plus déjanté, ouvert et convivial – comme le témoigne la présence des multiples invités qui prêtent leur chant aux instrumentaux décapants de l’auteur. Persha, chanteuse pop, se joint à la fête sur « Lipstick Masquerade« , le titre le plus dansant de l’album. De la façon de chanter à l’instrumental, « Lipstick Masquerade » sonne tellement d’époque qu’on a du mal à croire que le titre vient de sortir – si ce n’est par ses synthés monstrueux et sa production bourrine qui nous rappellent que l’on est bien dans les 80s de Carpenter Brut. Jubilatoire !

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

❤️ TGIF partage de la musique avec amour depuis 2016 ! Cet article vous plaît ? Envoyez-le à un ami !

Alive After Death

S’il y a bien une chose que nous ont appris les croque-mitaines du cinéma d’épouvante, c’est qu’ils reviennent toujours pour un dernier frisson ! Et ce n’est pas le réalisateur et musicien John Carpenter, inventeur d’une des plus célèbres effigies du genre, qui dira le contraire… C’est sans doute en partie pour faire un clin d’œil à ces boogeymen jamais vraiment morts que l’artiste revient ce mois-ci avec un nouvel album intitulé Lost Themes III: Alive After Death (2021).

Lost Themes III: Alive After Death fait suite sans équivoque à Lost Themes (2015) et Lost Themes II (2016) et reprend là où s’était arrêté Carpenter, qui avait depuis mis la série en pause pour se consacrer à d’autres projets musicaux (dont des bandes originales de films et un autre album standalone, constitué de reprises de musiques de ses propres films, Anthology: Movie Themes 1974-1998 (2017)). Dix nouvelles pistes, et autant de paysages d’épouvante montés de toute pièce et sublimés par la patte synthétique si reconnaissable du maître de l’horreur. Dans Lost Themes III, on parle évidemment de fantômes, de vampires, de lieux sinistres et de vie après la mort… A ceci de particulier qu’on le fait en l’absence totale de paroles. Avec ses désormais inséparables acolytes Cody Carpenter et Daniel Davies, qui s’occupent davantage des instruments « organiques », Carpenter rayonne une fois encore aux synthétiseurs, qui écrivent presque à eux seuls les récits de ces pistes instrumentales délicieusement vintage. Et l’on aurait tort de croire qu’à 73 ans, le réalisateur à la retraite n’aurait plus rien à dire parmi des contemporains se réclamant de son influence et devenus experts de la synthwave. On constate même avec délice que c’est tout à fait le contraire : affinant encore la formule qui a fait son succès – tant à l’écran qu’en musique -, avec cette atmosphère halloweenesque jubilatoire et cette production impeccable, Carpenter s’offre le luxe d’ouvrir Lost Themes III sur ce qui entre instantanément parmi les meilleures pistes de sa carrière, l’éponyme « Alive After Death« . Dès cette montée en puissance épique et irrésistiblement 80s sur les premières minutes du disque, plus aucun doute, l’impossible dans l’univers du cinéma d’horreur s’est produit : dans la saga de la carrière studio de « Big John », toutes les suites sont bonnes.

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💬 Une réaction, une réflexion ? Commentez cet article en cliquant sur « laisser un commentaire » (ou simplement en cliquant sur « répondre à cet email » si vous êtes abonné), et faites-moi part de votre avis !

Paradise Warfare

Extension de la synthwave, la darksynth est au croisement de l’électro synthétique vintage et du metal. Ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre, la darksynth prend à l’un les nappes synthétique et à l’autre le son brut et les rythmes survoltés pour un mélange explosif. Et nous ne sommes pas les plus mal lotis en France en ce qui concerne ce courant musical : comptant les artistes parmi les plus reconnus dans leur domaine, le style, plutôt de niche, a acquis une popularité internationale parmi les publics amateurs de metal et de sons oubliés.

Et l’un des musiciens les plus célèbres dans le registre porte un nom on ne peut plus évocateur : Carpenter Brut. Rappelant le cinéaste et musicien John Carpenter et ajoutant un suffixe qui ne ment pas sur la marchandise, le Français a quasiment défini le genre avec trois EP fondateurs publiés dans la première moitié des années 2010 et rassemblés dans l’album compilatif Trilogy (2015). Fortement influencés par les films des années 80, les sons de Carpenter Brut portent des titres qui renvoient à des pochettes de VHS inventées et donnent l’impression de flâner dans les rayons action, SF ou épouvante d’un vidéoclub. De « Sexkiller On The Loose » à « Turbo Killer« , Carpenter Brut sort l’auditeur de sa zone de confort avec ses atmosphères audacieuses inspirées tant du disco italien que des cours d’aérobic vintage. Avec « Paradise Warfare« , l’artiste imagine une sorte de virée sur la côte californienne, dans un paysage fait de belles voitures, de palmiers, de soleil couchant et de scènes d’action rocambolesques. Avec une structure totalement imprévisible, qui commence de façon très détendue puis fait intervenir un saxophone avant de prendre un rythme furieux sorti de nulle part et de s’achever en bouclant la boucle, « Paradise Warfare » est un fourre-tout clivant mais plutôt jubilatoire qui laisse entrevoir, en quelques minutes, l’étendue de la gamme de Carpenter Brut. Le titre colle tellement aux visuels d’un film d’action des années 80 avec Arnold Schwarzenegger que certains ne se sont d’ailleurs pas privés pour faire le montage…

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

💬 Une réaction, une réflexion ? Commentez cet article en cliquant sur « laisser un commentaire » (ou simplement en cliquant sur « répondre à cet email » si vous êtes abonné), et faites-moi part de votre avis !