Coolverine

J’ai toujours un faible pour les titres qui évoquent des états d’âme ou des humeurs complexes. S’il n’est pas toujours facile de décrire un ressenti, on néglige souvent le fait qu’il n’y a rien d’évident dans le seul fait de ressentir. L’évaluation qu’un individu fait d’une situation va souvent contenir un mélange de diverses émotions, elles-mêmes à des degrés d’intensité divers. Il y a un ainsi une vraie prise de risque à l’intégration d’émotions authentiques dans le propos musical d’un artiste, ces dernières étant souvent bien moins exactes et délimitées que ne le sont des mots ou des notes. Le défi est peut-être encore plus grand lorsque les notes s’affranchissent de toute parole…

Dernier album à ce jour de Mogwai, Every Country’s Sun (2017) offre de magnifiques paysages post-rock qui fonctionnent justement comme un grand nuancier d’humeurs paisibles à moroses. Réputés pour leur univers très majoritairement instrumental et leurs intitulés intrigants, les Britanniques ouvrent Every Country’s Sun sur un de ses meilleurs titres. Nommé d’après Wolverine, le super-héros tourmenté et solitaire aux griffes d’adamantium, et le terme « cool » qui renvoie en anglais à la froideur, « Coolverine » est une ouverture d’album aussi épique que dramatique. Avec son absence de chant amenant naturellement l’auditeur à se focaliser sur la beauté froide de ce superbe instrumental, « Coolverine » est la transposition sonore d’un état d’âme que l’on devine touché mais combatif, où la guitare et le clavier plaintifs sont contrebalancés par une ligne de basse et une batterie complexes et graduellement intensifiées. Mais il serait dommage, voire contradictoire, de chercher à poser des qualificatifs supplémentaires sur la valence émotionnelle d’un titre qui se suffit entièrement à lui-même… A vous de cliquer sur lecture !

Bonne écoute, bon weekend et à la semaine prochaine !

 

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